Intel Skulltrail : 8 cores à 3.2 GHz Skulltrail : Carte-mère Intel D5400XS D'un point de vue technique, la partie la plus intéressante de cette plateforme reste la carte mère et ce, pour une raison simple : Intel ne s'est pas contenté de réutiliser tels quels des composants déjà disponible dans le monde du serveur, mais à effectué un véritable travail d'adaptation au micromarché visé par Skulltrail. Baptisée D5400XS, cette carte basée sur le chipset Intel 5400 comporte donc deux Socket LGA771 et quatre slots FBDIMM DDR2, mais le plus intéressant reste la gestion de 4 ports PCI Express 16x par deux contrôleurs NVIDIA. Avant de rentrer plus avant dans les détails et de découvrir quelques surprises, voyons cette carte mère de plus prés :
Comme on le constate, la D5400XS n'est pas au format ATX standard, mais au format serveur SSI/EATX. Elle mesure ainsi 33 cm x 30.5 cm et nécessite un boitier adapté à sa taille. La carte est alimentée par un connecteur ATX 24 broches plus deux connecteurs AUX 8 broches (le second est heureusement facultatif) et un connecteur Molex. Niveau connectivité, elle supporte 10 ports USB 2.0 (dont 4 en facade), 2 ports FireWire IEEE1394a, 6 ports SATA 2, 2 ports eSATA, une interface IDE ATA100, 1 port Gigabit Ethernet et l'audio en HDA 7.1 + SPDIF. Voyons d'ailleurs plus en détails les contrôleurs utilisés :
Comme on le constate, Intel a préféré utiliser des contrôleurs éprouvés, quitte à sacrifier quelques fonctionnalités. Encore une philosophie digne d'une plateforme professionnelle.
Ceci dit, intéressons nous maintenant au chipset en lui même, en séparant la partie Northbridge de la partie Southbridge.
Le Northbridge (ou pont nord) est le composant qui se charge de gérer les processeurs et la mémoire. Dans le cas de la plateforme Skulltrail, celui-ci est un Intel 5400, conçu pour gérer deux Xeon quadri-cœurs. Voyons à quoi ressemble ce chipset :
Le Northbridge 5400 supporte deux processeurs avec un FSB maximal de 400 MHz (soit 1600QDR) ainsi que 32 canaux PCI Express et 4 channels FB-DIMM capable de supporter chacun 4 modules de mémoires. Le 5400 MCH supporte aussi quelques canaux SMBus pour le monitoring et la configuration à distance de composant-tiers et deux autres liens PCI Express pour l'interface entre le Northbridge et le Southbridge 6321ESB. L'un d'entre eux est nommé ESI par Intel, mais il correspond techniquement à un lien PCI Express 1x classique. Comme on peut le constater à la vue du pinout de ce chipset, son orientation a été choisie de manière optimale sur la D5400XS : Le 5400 MCH est un composant BGA de 1520 broches gravé en 90 nm d'une taille de 42.5 mm x 42.5 mm. Sur le schéma ci-dessus, ou voit nettement l'interface vers les deux FSB des processeurs, les broches dédiées à la FB-DIMM, très nombreuses de part le nombre de modules supportés, et les 9 liens PCI Express 4x. Toutefois, ces liens PCI Express ne sont pas reliés aux 4 connecteurs PCI Express 16x qu'on trouve sur la D5400XS. En retirant le bruyant dissipateur qui couvre le Southbridge, on découvre deux composants MCP100 de nVidia comme on peut le voir sur les photos ci-dessous :
Mais que diable viennent-ils faire dans cette galère ? Un peu de réflexion s'impose. Pour une telle plateforme, orientée vers les joueurs, il était important pour Intel d'obtenir le support SLI de nVidia. Or, bien que le SLI soit une technologie purement logicielle et que le chipset 5400 MCH ait été parfaitement capable de faire fonctionner 4 ports PCI Express 2.0 8x en SLI par lui-même, Nvidia a probablement refusé qu'Intel paye une simple royaltie pour utiliser sa technologie sur Skulltrail et à donc imposé l'utilisation de ces MCP100. Seraient-ils donc totalement inutiles ? Sont-ils présent uniquement pour justifier le baratin technico-marketing de Nvidia ? Renseignements pris auprès des hautes instances, on me souffle la réponse suivante : "Pas du tout ! Les MCP100 servent à convertir un port PCI Express 16x 2.0 (8 Go/s de bande passante) en deux ports PCI Express 16x 1.0 (4 Go/s de BP)". Grace à eux, les 2 ports PCI Express 16x 2.0 de l'Intel 5400 deviendraient donc 4 ports PCI Express 16x 1.0. Voila qui se tient, mais qui mérite une vérification approfondie.
Pour résumer, les MCP100 ne font que diviser un port PCI Express 16x 1.0 en deux ports PCI Express 16x 1.0. Bien entendu, lorsque les cartes fonctionneront simultanément, le débit sera limité au lien entre le Northbridge et le MCP100, c'est à dire 4 Go/s. Coïncidence, c'est aussi le débit du port PCI Express 8x 2.0 proposés nativement par le chipset d'Intel. En clair, ces deux MCP100 imposés par nVidia en échange du droit d'utiliser le SLI ne servent strictement à rien et auraient très bien pu ne pas polluer le PCB de la carte-mère. Pire encore, nVidia indique (sans rire) que Skulltrail est limité au mode SLI simple et ne pourra donc pas fonctionner en mode Tri-SLI ni avec quatre cartes graphiques ! On nous certifie toutefois que la carte acceptera deux cartes bi-GPU pour un fonctionnement en Quad-SLI, mais dans ces circonstances, à quoi bon disposer de 4 ports PCI Express gérés à la hussarde par des composants superflus ? A rien ma bonne dame.
Si les chipsets grand public utilisent un Southbridge (composants chargés de gérer les composants "lents") de type ICH, les déclinaisons serveurs emploient la gamme "ESB". C'est bien sur le cas de l'Intel 5400 qui est ici accompagné du Southbridge 6321ESB. Ce composant BGA de 641 n'est pas surmonté d'un dissipateur de type IHS comme celui qui équipe les processeurs ou le Northbridge. Son die est donc directement exposé et plus fragile :
Reste maintenant à voir son diagramme pour connaitre ses fonctionnalités dans le détail :
Comme on le constate, de nombreuses fonctions du Southbridge 6321ESB ne sont tout simplement pas câblées sur la D5400XS. C'est tout d'abord le cas du PCI-X, très utilisé dans le monde des serveurs, mais totalement inutile dans le grand public. De même, le support pour 3 ports PCI Express 4x n'est pas du tout utilisé par manque de place. On pourrait aussi citer le support pour deux interfaces Gigabit Ethernet ou les possibilités d'administration avancées, mais tout cela n'a pas non plus beaucoup d'intérêt dans le cas présent. Bref, Intel aurait aussi bien pu se contenter d'un simple ICH9 comme ceux utilisés dans les chipsets P35 classiques, mais pour cela, il aurait fallu rompre l'équilibre complexe de tout chipset professionnel... Le pauvre. |