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Alimentations ATX 2009
SilverPower SP-SS500 500 Watts

Vous connaissiez Silverpower vous ? Nous non plus. Alors laissez-moi vous raconter comment nous avons connu cette marque.  Pour les besoins de ce comparatif, nous avions besoin d’une Seasonic S12-II, testée dans les pages précédentes. Nous nous sommes donc tournés vers le distributeur français, le grossiste Nanopoint. En discutant avec eux, nous avons appris l’existence de SilverPower, une marque crée par la maison-mère de Nanopoint (l’allemand Maxpoint) spécialement pour le marché européen. Certes, à première vue, cela fleurait bon le LC Power, Heden et autres Aikuo. Pourtant, notre interlocuteur nous à vanté les qualités de cette gamme, basée selon lui sur une base Seasonic.

En cherchant un peu, nous avons découvert l’existence de plusieurs modèles, dont la SP-SS400 (400 Watts) et la SP-SS500 (500 Watts), vendues respectivement 59€ et 79€. A ce prix, on se situe dans le haut de gamme, tout en restant 20€ en deçà des Seasonic S12-II de puissance équivalente. Voila pourquoi nous avons décidé d’intégrer ce modèle à notre comparatif. Cette fois encore, procédons !

  • Caractéristiques

La Silver Power SP-SS500 est fournie avec le minimum vital : un câble secteur, quatre vis et un manuel de montage.  Extérieurement, le bloc est une copie-conforme de la Seasonic S12-II puisqu’il est impossible de distinguer les deux au premier coup d’œil :

Et l’extérieur n’est pas le seul à ressembler fortement à la S12-II de Seasonic : non seulement l’étiquette de la Silver Power SP-SS500 mentionne ostensiblement Seasonic (voir en bas, à gauche), le véritable constructeur du bloc, mais en plus la répartition des courants sur les différents rails est, elle aussi, strictement identique. Inutile de vous dire que l’on retrouve ici aussi le ventilateur de 12 cm ADDA AD1212MB-A71G et que l’emballage vante les mêmes bienfaits en termes d’efficacité.

Un coup d’œil sur les connecteurs permet de trouver la première différence :

Type
Nombre
Type
Nombre
ATX 20-24 Pin
x1

55 cm
PCIe 1/2 (6+2P)
x1

65 cm
EPS12V (8P)
x1

55 cm
Molex
x6

55/65/75 cm
ATX12V (4P)
x1

55 cm
SATA
x6

55/65/75 cm
PCIe 1.0 (6P)
x1

65 cm
Floppy
x2

75 cm

La Silver Power SP-SS500 ne comporte que six Molex alors que la Seasonic S12-II en embarque neuf. A part cela, tout le reste est encore une fois identique. Nous avions aimé les câbles de plus forte section sur les connecteurs gros consommateurs, on retrouve la même chose sur la Silver Power. Même remarque que sur la Seasonic concernant le second connecteur PCI Express que nous aurions préféré en 6+2 comme le premier.

  • Fonctionnement Interne

Une fois ouverte, plus aucun doute n’est possible : a part quelques très léger détails, la Silver Power SP-SS500 est une Seasonic S12-II remarquée. Inutile donc de paraphraser le test de la Seasonic. Afin de ne pas perdre de temps, nous avons donc copier/collé le test de la S12-II puisque les mesures et constatations effectuées sur la Silver Power ont donné globalement des résultats parfaitement identiques. Toutefois, il existe quelques rares différences sur lesquels nous avons choisi de mettre l’accent. Vous les trouverez dans les encadrés de couleurs ci-dessous. Poursuivons donc le test de la Silver Power / Seasonic.







A peine ouvert, le bloc d’alimentation révèle déjà des aspects inhabituels. On trouve ainsi un cache en plastique (1) qui obstrue une partie du ventilateur ADDA de 12 cm. La raison ? Empêcher le flux air qui entre par la grille alvéolée de ressortir directement sans passer d’abord par les radiateurs. Bien vu. Le filtrage est effectué par les classiques jeux d’inductances/condensateurs. Une partie se trouve sur un petit PCB soudé directement sur la fiche d’entrée (2) et le reste se situe sur le PCB principal ou l’on trouve aussi le fusible (3). Juste derrière, on trouve le pont redresseur, un GBU806 de Taiwan Semiconductor (4), capable de supporter 8A et vissé sur l’un des dissipateurs.







On rentre ensuite dans le vif du sujet avec un condensateur 400V/330 µF de Nippon Chemicon, spécifié à 105°C (5). Celui-ci sert de réserve de courant aux transistors de découpage. A noter que les 330µF semblent faible pour une alimentation de 500 Watts. A titre de comparaison, la Corsair HX620W, doté d’une architecture semblable, emploie un condensateur 400V/470µF (soir 380µF pour 500 Watts avec une règle de trois) et offrait une résistance aux microcoupures à peine suffisante. Nous verrons ce point plus en détail par la suite.

Le découpage est géré par un CM6800A de Champion Microelectronic (6), un composant bien connu sur les alimentations haut de gamme. Celui-ci est soudé sur un petit PCB dédié situé juste derrière le radiateur du pont redresseur et commande deux MOSFET 18N50 (7) de Fairchild dédié au découpage. Chacun peut supporter un courant pulsé de 72A. Le PFC actif est pris en charge par deux autres MOSFET 18N50 (7) et par une diode STTH8S06 de ST Microelectronics (8). Un mot sur le +5VSB, géré par un composant CoolSET-F2 d’Infineon (9) qui intègre directement le transistor MOS pour une meilleure efficacité.

Une fois le transformateur passé, le courant carré est redressé par les diodes Schottky. Pour le +3.3V et le +5V, on trouve deux pack STPS30L30CT de ST (10)(11), chacun spécifié à 30A. Ceux-ci semblent correctement dimensionnés pour les 24A annoncé sur ces deux rails. Pour le +12V, Seasonic à choisi deux pack SBR30A50CT de Diodes Inc. (12), spécifiés à 30A, soit un total de 60A pour les 34A annoncés. En sortie, on trouve un HY510N lui aussi sur un PCB dédié (13) destiné à la gestion des signaux PWR_GOOD, PWR_ON et des protections contre les sur- et sous-tensions. Enfin, on trouve les condensateurs de sorties, tous japonais et spécifiés à 105°C. Et si on trouve bien le fameux condensateur solide sur le rail +12V (14) tant vanté par Seasonic, il parait bien seul face à l’armée d’électrolytiques qui le jouxte...

Silver Power SP-SS500 VS Seasonic S12-II

Côté construction interne, nous n’avons constaté que deux différences. La première est d’ordre cosmétique :   les dissipateurs sont anodisés noir sur la Seasonic alors qu’ils sont couleur aluminium sur la Silver Power. Ceci n’affecte en rien leurs capacités de dissipation et reste donc purement esthétique, donc sans grand intérêt pour l’utilisateur. Ensuite, le fameux condensateur solide sur le rail +12V a été remplacé par un modèle électrolytique classique, comme on peut le constater sur la photo ci-dessous :

On voit aussi que les condensateurs en sortie sont des modèles haut de gamme RLS (spécifiés à 105°C) du taïwanais OST, strictement identiques en termes de caractéristiques techniques aux RZE de Nippon Chemi-Con utilisé dans la Seasonic. On retrouve d'ailleurs alternativement l'un ou l'autre selon la série de S12-II.Le reste des composants est strictement identiques, à la référence prés et jusqu'à la moindre soudure. On retrouve ainsi les mêmes transistors de découpage, le même condensateur Nippon Chemi-Con de 330µF / 400V, les mêmes barrières Schottky et le même transformateur.

  • Tests : AC & Efficacité

Comme toutes les alimentations haut de gamme, la Seasonic S12-II met en avant son efficacité. Nous allons donc mesurer le rendement de ce bloc, ainsi que la qualité du PFC actif doit elle dispose. Au passage, nous analyserons les harmoniques rejetés par le bloc dans le secteur EDF.

Sans surprise, le PFC actif de la Seasonic S12-II remplit parfaitement son rôle. On constate que le courant drainé est quasi-sinusoïdal, avec un Power Factor mesuré entre 0.95 à 50% de charge et 0.99 en pleine charge. Conséquence logique : le taux d’harmoniques générés est très bas, largement en dessous des normes européennes pour ce type d’appareil. Nous avons relevé un THD (taux de distorsion harmonique total) de seulement 6%, un record. Passons maintenant à l’efficacité :

Cette fois encore, le résultat est de premier ordre, avec un rendement compris entre 83.4% et 86.4%. A noter que ces valeurs sont presque identiques à celles relevées sur la Corsair HX, basées sur le même hardware. Côté +5VSB, alimentation éteinte donc, l’efficacité avec 2.5A s’élève à plus de 71% grâce au composant CoolMos intégré. Avec seulement 100 mA par contre, le rendement tombe sous les 50% attendus. Ceci n’est toutefois pas gravissime puisque de toutes les alimentations testés, seule l’Enermax Pro82+ parvient à faire mieux.

Silver Power SP-SS500 VS Seasonic S12-II

Vu l’étage primaire (filtrage / découpage) identique, la Silver Power SP-SS500 obtient les mêmes résultats que la Seasonic S12-II. Efficacité, Power Factor et Harmoniques se situent dans la plage de tolérance des instruments de mesure, c'est-à-dire 0.5%.

  • Tests : Qualité du courant continu

Voyons maintenant le ripple (micro-oscillation de la tension) sur les différents rails en pleine charge (100%) ainsi que faible charge (20%).


Ripple +5V / 100%


Ripple +3.3V / 100%

A faible charge (20%, soit 100 Watts), le ripple est quasi-inexistant puisque nous l’avons mesuré respectivement à 10 mV, 5 mV et 8 mV sur les rails +12V, +5V et +3.3V. Dans l’absolu, comparés aux autres alimentations haut de gamme, ces résultats sont presque identiques : le +12V est légèrement meilleur d’ailleurs, alors que le+3.3V est un peu plus élevé. Reste que l’on se situe ici très largement en dessous des 50 mV tolérés par la norme ATX 2.3.

A pleine charge, les différences apparaissent plus nettement : le +12V, avec ses 22 mV de Ripple, est tout simplement le plus faible que nous ayons constaté sur ce type de produit, probablement grâce au fameux condensateur solide. Au contraire, les 20 mV relevés sur le +3.3V sont nettement au dessus des 5 mV souvent constatés chez les Corsair et autres Enermax. Certes, on reste très en deçà des normes, mais l’ajout d’un condensateur solide sur le +3.3V et le +5V aurait permis à Seasonic de se payer le grand schelem.

L'analyse des transitions, qui consiste à faire varier brutalement le courant de 15A à 2A sur un rail, et vice-versa, confirme l'excellente qualité de la Seasonic S12-II :

Quelque soit le rail, les transitions de courants sont parfaitement gérées par la Seasonic S12-II. On ne constate par exemple aucun overshot (surtension provoquée par une brusque baisse du courant) gênant.  Ci-contre, vous pouvez voir une transition typique cet alimentation sur le rail +12V. Non seulement les seuils atteints sont très raisonnables (11.7V – 12.4V), mais en plus les perturbations déclenchées par les transitions de courants sont très rapide : moins de 10 µs.

Enfin, les régulations effectuées sur les différents rails sont très précises et peu soumises à fluctuations. Ainsi le +12V est régulé à 12.20 V et le +3.3V à 3.30V. Quant au +5V, nous avons constaté une incroyable précision. Bien sûr, celle-ci est plus due au hasard  qu’à une volonté technique, mais l’anecdote vaut le coup d’œil :


Transition 2A -> 15A - Rail +12V

Dernier point testé dans cette catégorie, les paramètres de démarrage du bloc et à ce niveau, la Seasonic dispose d’un comportement assez inhabituel. Avec environ 18 ms pour que les trois tensions primaires atteignent leurs valeurs nominales au démarrage, on est très loin des autres concurrents, et tout particulièrement de Corsair, dont le modèle HX démarre en 5 ms. Rien de vraiment gênant, mais ce point est assez surprenant quand on sait que le maximum toléré est de 20 ms. Concernant le PG Time (temps entre le moment ou l’alimentation est activée et ou elle délivre ses tensions nominales), il est de 360 ms, dans la moyenne.

Silver Power SP-SS500 VS Seasonic S12-II

D’un point de vue technique, la seule différence entre la Seasonic S12-II et la Silver Power SP-SS500 demeure dans la présence d’un condensateur aluminium-polymère  dans la première et électrolytique dans la seconde. Et uniquement sur le rail +12V. Lors de nos mesures, nous n’avons bien constatés aucune différence sur les rails +3.3V et +5V. Sur le +12V par contre, le ripple augmente très légèrement sur la Silver Power, passant de 22 mV à 27 mV :


Pas de quoi fouetter un chat puisque ces valeurs restent au niveau des meilleures alimentations. Rappelons que la norme ATX 2.3 spécifie un ripple maximum sur le rail +12V de … 120 mV !

  • Tests : Protections et Résistance

Commençons par les tests de cross-over (capacité de l’alimentation à supporter une charge déséquilibrée, c'est-à-dire sur un seul rail). S’il est possible de tirer 12A sans problème sur le rail +12V sans aucune charge sur le +5V et le +3.3V, on ne peut tirer que quelques centaines de mA sur le +3.3V sans charge sur le +12V. Côté +5V, nous avons pu faire débiter l’alimentation jusqu'à 20A avant que les systèmes de protection ne s’activent suite à une tension de 13.3V sur le rail +12v. Tout ceci reste encore une fois dans les limites de la norme ATX actuelle.

Nous avons enchainé les tests avec une variation de la tension d’entrée de 90V à 270V, le bloc S12-II a encaissé cette variation sans broncher. Aucune variation particulière des tensions de sortie n’a été relevée. Dans la foulée, nous avons testé la résistance aux microcoupures et cette fois, nous avons trouvé le véritable talon d’Achille de cette Seasonic S12-II. Voyons les tests effectués avec une charge de 300 Watts et à la puissance nominale (500 Watts) :


Résistance aux micro-coupures (500 Watts)


Résistance aux micro-coupures (300 Watts)

La norme ATX 2.3 spécifie qu’à pleine charge, une alimentation doit supporter une interruption de la tension d’entrée pendant 16 ms au minimum avant d’interrompre le courant DC de sortie. On voit ici très clairement qu’avec 12.6 ms, la Seasonic S12-II ne respecte pas ce point. Le fautif est sans conteste  le condensateur d’entrée, de seulement 330 µF, qui représente une réserve de courant trop faible. Un modèle de 400 µF aurait permis de respecter la norme ATX. Pour rappel, la Corsair HX utilisait un condensateur de 470 µF pour 620 Watts et parvenait tout juste à atteindre les 16 ms requis.

Terminons avec le test des différentes protections. Sans surprise heureusement, ce bloc résiste sans problème à un court-circuit direct sur tous les rails et s’est bien arrêté. Par contre, si le bloc se met bien en sécurité lorsque l’on dépasse la puissance maximum cumulée sur le +12V (soit 408 Watts), il n’y a aucune limitation par rail à 17A comme indiqué sur l’étiquette. En clair, ce bloc est monorail puisqu’il est possible de tirer toute la puissance sur le même connecteur. Côté surtensions, rien à redire non plus : la S12-II a encaissé les pics à 600 Volts et même à 1000 Volts sans perturbations. Enfin, les tests de plombs sur les soudures se sont révélés négatifs.

Silver Power SP-SS500 VS Seasonic S12-II

Même chose ici puisqu’on constate la même déficience sur la Silver Power que sur la Seasonic concernant la résistance aux microcoupures.  Ceci reste dans la logique puisque le condensateur d’entrée, sous-dimensionné, est identique sur les deux modèles.

  • Conclusion

Avec sa marque Silver Power, le distributeur allemand Maxpoint prouve qu’il est possible de créer une marque locale qui ne se contente pas de sacrifier la qualité sur l’autel du toujours-moins-cher.  Le modèle SP-SS500 que nous avons testé est donc une Seasonic S12-II 500 Watts avec seulement trois différences : les dissipateurs internes ne sont pas anodisés, le nombre de prise Molex passe de 9 à 6 et le condensateur solide sur le rail +12V a été remplacé par un modèle classique, mais toujours haut de gamme. Seul ce dernier point pouvait avoir un impact sur les performances du bloc, mais, comme nous l’avons vu, l’écart dans la pratique est plus que limité.

Vient ensuite la question essentielle du rapport qualité/prix. A ce niveau, nul doute possible : les 20€ d’écarts entre la Seasonic S12-II et la Silver Power SP-SS500 ne sont aucunement justifiés. En bref, dans tous les cas, préférez la copie à l’original : l’alimentation de Silver Power est d’excellente qualité et ne vous décevra pas. Certes, on peut lui reprocher les mêmes choses que la Seasonic, c'est-à-dire un condensateur primaire sous-dimensionné qui provoque une résistance insuffisante aux microcoupures ainsi qu’un Ripple un peu élevé sur le +3.3V, mais dans l’ensemble, on reste tout de même bien dans le haut de gamme. Et comme dirait Half : Youpi Banane !